25 octobre 2008
Quelques instants au jardin
Sargon Boulus
Quelques instants au jardin
Ce ne sont que
Quelques soirées passées
Sans vraiment passer, durant lesquelles je m’isole derrière la maison
Devant moi de hautes herbes sèches voilent à peine
Les éclats de verre luisants
Sur la muraille, sous un soleil
Chétif.
Je m’assieds pour compter les secondes
Pour comprendre le sens de partir
ou de rester à ma place.
Rêveur sans que je suive le rêve, silencieux avec l’intention
De crier. Devant les maisons de mes voisins
De grandes bannières flottent.
Les généraux de l’Amérique
Aiguisent la machine de démolition.
Silencieux avec l’intention de crier…
Ni cet aperçu de l’épopée de la nature
Que je scrute à contrecœur
Ne me conduit à un secret que j’ambitionne un jour de clarifier,
Ni ce qui est penché
Dans ma mémoire ne me permet
De voir le masque qui ne cesse de fuir en arrière
Dans les ruelles de mon passé.
La réalité c’est que je suis là, dans ce coin :
Mes mains sur mes genoux, mes yeux
Poursuivent un moustique qui bourdonne dans l’herbe.
Il s’envole au-dessus de la muraille, prend mes pensées vers l’inconnu un instant
Durant lequel je ne pense pas, je ne rêve pas, je ne veux rien.
Instant digne
d’un ascète bouddhiste.
Puis ces soirées sont finies, et je suis retourné
Au monde des fous.
Traduction Antoine Jockey
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