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26 octobre 2008

La rivière sur la tête Comment peut-on tondre les

La rivière sur la tête Comment peut-on tondre les femmes qui parlent ? Comment peut-on tondre les femmes qui écrivent avec des mots ? Sur le crâne rasé des femmes leur boule lisse brillante cirée par la salive des hommes, les lettres peintes calames le nom de trois lettres arabes grosses moustaches passées au cirage gras, poisseux, collant avec leurs lourdes virgules, recourbées, dégoulinantes et gauloises. Le khôl des lettres maquillées sur la tête des femmes. Un crâne lisse de soleil Sur le bord de ta poitrine en falaise le feston brodé de tes seins avec, en ligne, un tissu inventé, ce croquet blanc comme des vagues, robe des petites filles d’antan. La boule en haut reflète la lumière. Ce n’est pas à cause des grosses moustaches sombres que j’ai failli te perdre, sais-tu ? Mais en raison de l’herbe. Une clairière oubliée à la lèvre d’une forêt dans la lisière brouillée crissée de feuilles mortes humides odoriférantes. Une sente directe et vide non loin d’un barbelé. C’est par cette sente que passent les femmes - toutes - avant qu’on les jette à la rivière. Nul ponton. Ni savon de bulles. Légèreté éclatée dans le gant noir. La fille avait les mains liées sur le visage le front avec du fil et des épines de fer. Si j’oublie la fille j’oublie l’eau qui coule entre les jambes et je t’oublie, toi, avec ton filet mercuriel de vie. Ton fleuve sur le haut de ta tête. Omettre une seule femme dans la forêt pourrissante c’est commettre le crime de les oublier toutes. Sur le tapis de feuilles l’or cassé et sa nervure. Najet, j’ai besoin de ton rêve : tu es ma main. (« La dernière des Bédouines », extrait, hommage à la poétesse tunisienne Najet Adouani, grand prix de poésie de la ville de Béziers 2006)
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