26 octobre 2008
Hawa Alkamoudi (Libye) Ordonnancement Je n’aime
Hawa Alkamoudi
(Libye)
Ordonnancement
Je n’aime pas les horaires
ni les noms
ni les couleurs
alors je nomme la mer soleil
et le soleil dahlia
et je raconte l’histoire
d’une fille qui rêve et habite la nuit
elle quête le secrets des noms
La nuit devient matin
elle efface les doigts de la tristesse
et balaie la médiocrité du nylon
Avez-vous remarqué
toutes les choses sont en nylon
froid, vrillé et froissé
Le papier heurte ma jambe
et le bassin s’étend
je cours je cours
mais le coq de batterie qui me poursuit
n’arrive pas à m’atteindre
le pain répond son odeur
je m’arrête à une fenêtre basse :
Et l’argent ?
me demande le boulanger
Je réponds que je n’en ai pas
(Traduction : Mohamed El Amraoui et Ghislaine Le Dizès)
Comment se fait-il que tu viennes comme ça
sans argent ?
Puis, un homme à la tunique blanche
me demande : de qui es-tu la fille ?
Je sui la fille d’al-Gamoudi al-Hâfi
Donne-lui le pain, dit-il au boulanger
Le panier se remplit de huit pains
je cours je cours vers la maison
vers ma mère
je raconte à mon père ce que m’a dit
l’homme à la tunique blanche
mon père rit
tandis que le thé et le café parfument la pièce
Nuit d’amour
Je viens à toi
je me hisse je me hisse
et m’élève
je poursuis le blanc
La mésange du matin
comble le silence
elle chante elle chante
alors je chante moi aussi
et les palombes de mon âme
et les doigts qui effleurent
les palombes de mes seins
quand elles s’éveillent
et ouvrent la porte de la fringale
Le lit du désir est un appétit insatiable
l’océan de la jouissance une intarissable soif
et toutes ces rues emboîtées
me rappellent mon havre lointain
Les sanglots de l’âme
sont une fille qui pourfend la haie
l’odeur du thé, du café
et du four à pain
le clapotis dans le petit bassin
tandis que du réservoir l’eau jaillit
et je jaillis aussi
je grimpe sur la pointe des pieds
pour t’atteindre
je m’élève et m’envole
mon âme se dresse
tes doigts effleurent les palombes de mes seins
je m’enivre et le lit
exhale son parfum
(Traduction : Mohammed El Amraoui et Ghislaine Le Dizes)
Publicité
Commentaires